Notre itinéraire

dimanche 29 avril 2012

Louxor, ou la capitale ancestrale de Thèbes - 23 avril


Réveil à 6:30 ce matin pour avoir le temps de visiter le plus possible et éviter la chaleur accablante qu'on redoutait. Arrivés dans le hall d'entrée, le réceptionniste dort encore sur le divan. Il se lève en nous voyant et est affairé à la cuisson des œufs 30 secondes plus tard. On se dirige au traversier pour se rendre sur la rive occidentale, là où se trouve la majorité des sites d'intérêts. Une marche de 10 minutes pour s'y rendre. On se fait harceler 10 minutes par Mustafa, un chauffeur de calèche qui nous dit que les visiteurs se font rare ces temps-ci et qu'il est même prêt à nous faire un tour pour 50 centimes de livre, l'équivalent de 8 cents. On refuse 15 fois son offre. Rendus au quai, un chauffeur de taxi le relaie. Notre idée de louer des vélos pour faire le tour n'est pas bonne selon lui, il fait trop chaud et les côtes sont trop abruptes à monter. Il embarque dans le traversier avec nous et tente tout le long de nous convaincre. Il demande de faire notre prix pour ses services, on arrive à une entente et c'est parti pour la Vallée des Rois. Hammam de son nom, pigeon en arabe apparemment, est fort sympathique. Il nous dit dès le début de la conversation qu'il est un mauvais musulman. Il boit, baise et ne prie pas. Ça semble être courant avec les gens que l'on rencontre depuis 2 semaines.

Arrivée au premier site, pas le droit de photo, les trois tombeaux que l'on voulait voir sont fermés. Il y a une rotation entre les multiples tombes royales à visiter afin de préserver le tout de l'humidité et de la lumière car il a été calculé que les visiteurs dégagent en moyenne un total de 2,8 kilos de sueurs dans les tombes, par jour d'exposition. On a dû contribuer à la statistique lorsqu'on a sué un brin à notre tour en se faisant prendre, iPod à la main, à vérifier notre Lonely Planet pour y voir les plans du site. Le problèmes étant que Joey avait pris quelques photos illégales au passage. Un guide nous les arraches des mains, il sait étonnement très bien naviguer sur l'interface de la machine. Il nous dit de le suivre avec son air fâché. Joey lui dit qu'il va effacer le tout et demande de lui redonner son engin. À chaque fois que l'on ose ouvrir la bouche, le garde nous lance un gros ''Chhhuuuuuuuuuuuut'' au visage, nous envoyant les effluves de sa cigarette qu'il venait sûrement de griller à l'instant. Ça commence à être ridicule, il nous prend dans un coin et nous dit d'un air dramatique que si l'on ressort de la tombe, les policiers vont nous ordonner de leurs donner 1000 livres égyptiennes (+160$). Joey sent l'arnaque et sait très bien que Bozo veut un bakshish contre son silence. On commence à donner un show aux touristes qui passent et on a pas une cent pour lui. Il fait chaud, ça fait 10 minutes qu'on niaise, le gars pue et nous postillonne au visage, Joey tente d'arracher son iPod de la main du gars et lui dit qu'il va effacer les photos et que s'il n'est pas content, il n'a qu'à aller chercher la police. Ce qui déclenche la colère du clown. THAT'S IT! Police, police! Voyant qu'on ne bronche pas et sous nos excuses répétées, il efface les photos une à une en étant sûr qu'on se sente mal entre chaque ''delete'' enfoncé. On ressort en se disant qu'on allait ranger les bidules dans nos poches pour le reste de la visite.

On a visité trois tombes en tout pour 14 $ chaque. On sent que notre journée va être chère car en plus du taxi, on doit payer pour chaque site visité. Joey n'est pas dans le ''mood''. Bien que les sites soient magnifiques, il a tout un lot de ruines à son actif et le harcèlement constant des gardiens qui nous pointent un singe ou un lion en imitant leurs cris respectifs pour un pourboire en nous talonnant lui fait perdre son intérêt. On décide d'aller visiter la vallée des Reines, comprenant 75 tombes dont seulement 3 d'ouvertes, où sont enterrés les épouses, les filles et certains fils des pharaons. Nous sommes seuls sur l'immense site. Même scénario, les gardiens nous attendent et tentent de nous expliquer les peintures et hiéroglyphes, sans grand succès puisqu'ils ne font que relater le nom des dieux et des personnes qui se répètent de toute façon à tous les mètres.

Petite parenthèse historique ici. Quelques faits marquants de l'Égypte des pharaons, qui s'étend sur un peu plus de 3000 ans et plus d'une vingtaine de dynasties. Les Grandes Pyramides furent construites durant la 4e dynastie, à l'époque du Vieux Royaume. Durant le Nouveau Royaume, la 18e dynastie constitue probablement l'apogée du pays... et aussi le point culminant de ses magouilles politiques, ce qui nous intéresse ici. Donc, à la mort du pharaon Tuthmosis II, sa femme-soeur Hatshepsout prend le pouvoir avec son neveu-beau-fils Thutmosis III (qu'on surnommera Ti-mosus III). Quelques années plus tard, celui-ci étant trop jeune pour gouverner seul, Hatsheptsout prend le contrôle total du pays et entreprend la construction de son temple funéraire et d'obélisques majestueuses au temple de Karnak. Lorsque Ti-mosus III réussit à récupérer son trône, il entreprend une campagne de censure du règne de sa tante-belle-mère d'une épatante efficacité. Son obélisque est abattue, son nom est rayé à la grandeur du pays et son visage même est martelé partout où il est trouvé pour en effacer le souvenir! On ne peut pas dire qu'elle ne l'avait pas cherché mais comme un bas-relief presque parfaitement conservé avec un visage complètement détruit gâche un peu nos photos, c'est lui le Ti-mosus III! Son règne fut quand même l'un des grands de l'époque, ajoutant de grands pans de terre au pays et sa tombe dans la vallée des Rois fut la première à être décorée.

Quelques rois plus tard, le règne d'Amenhotep III marque le zénith de la culture et du pouvoir de l'Égypte... et aussi des changements fondamentaux qui furent pour la plupart attribué à son fils, Akhenaton. Celui-ci changea son nom d'Amenhotep pour se distancer de l'adoration du dieu Amon (qui durait depuis toujours) vers celui d'Aton et déplaça la capitale à Amarna avec sa femme Nefertiti. Son règne, ainsi qu'une partie du règne précédent est maintenant connu sous le nom de période d'Amarna, une période hérétique et noire à l'apogée de l'Égypte. À la mort d'Akhenaton, un successeur mystérieux du nom de Smenkhkare pris le pouvoir et certains suggèrent qu'il pourrais s'agir de sa femme elle-même, Nefertiti. Après celui-ci, commença le règne d'un pharaon mondialement connu, Toutankhamon, pour les trésors hallucinants qui furent trouvés dans son tombeau. Prénommé Toutankhaton, il changea le nom donné par son père Akhenaton au tout début de son règne, à l'âge de 10 ans, pour ensuite ré-ouvrir les temples et rétablir le culte ancestral d'Amon. Durant son court règne, il tenta de restaurer la grandeur de son royaume après le désastre causé par ses prédécesseurs et il mourut à seulement 19 ans. C'est pas mal ce qu'il faut savoir. Ça et le fait que 1300 ans plus tard, on arrive aux mariages de Cléopâtre avec deux romains célèbres, Jules César et Marc-Antoine et la défaite de ce dernier qui mena au suicide du couple royal.

Retour à Louxur, 21e siècle. Déplacement de la vallée des Reines, scénario équivalent dans les 3 tombes des Nobles qu'on visite. Un fonctionnaire important durant la période Amarna a une tombe fascinante, où l'on voit la différence entre les règnes des deux périodes. Puis pour terminer, on visite le temple d'Hatshepsout, la plus célèbre des pharaons-femmes (mais pour nous ça restera toujours Cléopâtre!). En plus d'avoir des tombeaux somptueux, les pharaons avaient aussi, après leur mort, un temple à leur mémoire. Celui-ci, creusé directement dans la paroi de la montagne, est particulièrement impressionnant, avec son design futuriste (on parle d'il y a environ 3500 ans, on le croirait dessiné tout récemment).

Après toutes ces visites, notre portefeuille se trouve bien allégé et on décide de les terminer maintenant. En rentrant au quai pour retraverser le Nil, notre chauffeur s'arrête quelques instants dans le stationnement d'un magasin de sculptures d'albâtre. Flairant la commission, on reste bien sagement dans la voiture. Il nous dit alors que lui a besoin de quelque chose et entre. Cinq minutes plus tard, il revient vers la voiture, accompagné. Une troisième homme apparaît sur le côté du bâtiment, les bras pleins d'un sac d'où l'on aperçoit une bière et l'on devine une bonne douzaine de ses semblables. C'était effectivement pour lui-même que le chauffeur s'était arrêté, sa paye du jour lui ayant permis de faire des provisions!


Après avoir traversé, dîner et s'être promené dans les ''souks'' du centre-ville, on se dirige à l'info touristique non loin de l'hôtel pour se faire aider avec notre billet de train. Après plusieurs tentatives, rien. Il semble bien que si on n'a pas notre numéro de réservation en main qui se trouve uniquement sur notre billet, il n'y a aucun moyen pour nous de le récupérer. Notre arrêt à la gare de train n'a pas été plus fructueuse. L'homme à la billetterie nous fait attendre une heure puis nous dit finalement qu'il n'y a pas d'aide ici pour nous. Retour à l'hôtel en se disant qu'on va devoir affronter les contrôleurs dans le wagon demain. Souper et dodo tardif car on prend le train à midi seulement. À 7h30 du matin, ça cogne à la porte...

1 commentaire:

  1. Crime, moi je dis : reconstitution dramatique de la scène des iPods, avec sueur et tout, dans le salon ici! hihi!

    :-) xx

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