Réveil à 6:30 ce matin pour avoir le
temps de visiter le plus possible et éviter la chaleur accablante
qu'on redoutait. Arrivés dans le hall d'entrée, le réceptionniste
dort encore sur le divan. Il se lève en nous voyant et est affairé
à la cuisson des œufs 30 secondes plus tard. On se dirige au
traversier pour se rendre sur la rive occidentale, là où se trouve
la majorité des sites d'intérêts. Une marche de 10 minutes pour
s'y rendre. On se fait harceler 10 minutes par Mustafa, un chauffeur
de calèche qui nous dit que les visiteurs se font rare ces temps-ci
et qu'il est même prêt à nous faire un tour pour 50 centimes de
livre, l'équivalent de 8 cents. On refuse 15 fois son offre. Rendus
au quai, un chauffeur de taxi le relaie. Notre idée de louer des
vélos pour faire le tour n'est pas bonne selon lui, il fait trop
chaud et les côtes sont trop abruptes à monter. Il embarque dans le
traversier avec nous et tente tout le long de nous convaincre. Il
demande de faire notre prix pour ses services, on arrive à une
entente et c'est parti pour la Vallée des Rois. Hammam de son nom,
pigeon en arabe apparemment, est fort sympathique. Il nous dit dès
le début de la conversation qu'il est un mauvais musulman. Il boit,
baise et ne prie pas. Ça semble être courant avec les gens que l'on
rencontre depuis 2 semaines.
Arrivée au premier site, pas le droit
de photo, les trois tombeaux que l'on voulait voir sont fermés. Il y
a une rotation entre les multiples tombes royales à visiter afin de
préserver le tout de l'humidité et de la lumière car il a été
calculé que les visiteurs dégagent en moyenne un total de 2,8 kilos
de sueurs dans les tombes, par jour d'exposition. On a dû contribuer
à la statistique lorsqu'on a sué un brin à notre tour en se
faisant prendre, iPod à la main, à vérifier notre Lonely Planet
pour y voir les plans du site. Le problèmes étant que Joey avait
pris quelques photos illégales au passage. Un guide nous les
arraches des mains, il sait étonnement très bien naviguer sur
l'interface de la machine. Il nous dit de le suivre avec son air
fâché. Joey lui dit qu'il va effacer le tout et demande de lui
redonner son engin. À chaque fois que l'on ose ouvrir la bouche, le
garde nous lance un gros ''Chhhuuuuuuuuuuuut'' au visage, nous
envoyant les effluves de sa cigarette qu'il venait sûrement de
griller à l'instant. Ça commence à être ridicule, il nous prend
dans un coin et nous dit d'un air dramatique que si l'on ressort de
la tombe, les policiers vont nous ordonner de leurs donner 1000
livres égyptiennes (+160$). Joey sent l'arnaque et sait très bien
que Bozo veut un bakshish contre son silence. On commence à donner
un show aux touristes qui passent et on a pas une cent pour lui. Il
fait chaud, ça fait 10 minutes qu'on niaise, le gars pue et nous
postillonne au visage, Joey tente d'arracher son iPod de la main du
gars et lui dit qu'il va effacer les photos et que s'il n'est pas
content, il n'a qu'à aller chercher la police. Ce qui déclenche la
colère du clown. THAT'S IT! Police, police! Voyant qu'on ne bronche
pas et sous nos excuses répétées, il efface les photos une à une
en étant sûr qu'on se sente mal entre chaque ''delete'' enfoncé.
On ressort en se disant qu'on allait ranger les bidules dans nos
poches pour le reste de la visite.
On a visité trois tombes en tout pour
14 $ chaque. On sent que notre journée va être chère car en plus
du taxi, on doit payer pour chaque site visité. Joey n'est pas dans
le ''mood''. Bien que les sites soient magnifiques, il a tout un lot
de ruines à son actif et le harcèlement constant des gardiens qui
nous pointent un singe ou un lion en imitant leurs cris respectifs pour
un pourboire en nous talonnant lui fait perdre son intérêt. On
décide d'aller visiter la vallée des Reines, comprenant 75 tombes
dont seulement 3 d'ouvertes, où sont enterrés les épouses, les
filles et certains fils des pharaons. Nous sommes seuls sur l'immense
site. Même scénario, les gardiens nous attendent et tentent de nous
expliquer les peintures et hiéroglyphes, sans grand succès
puisqu'ils ne font que relater le nom des dieux et des personnes qui
se répètent de toute façon à tous les mètres.
Petite parenthèse historique ici.
Quelques faits marquants de l'Égypte des pharaons, qui s'étend sur
un peu plus de 3000 ans et plus d'une vingtaine de dynasties. Les
Grandes Pyramides furent construites durant la 4e dynastie, à
l'époque du Vieux Royaume. Durant le Nouveau Royaume, la 18e
dynastie constitue probablement l'apogée du pays... et aussi le
point culminant de ses magouilles politiques, ce qui nous intéresse
ici. Donc, à la mort du pharaon Tuthmosis II, sa femme-soeur
Hatshepsout prend le pouvoir avec son neveu-beau-fils Thutmosis III
(qu'on surnommera Ti-mosus III). Quelques années plus tard, celui-ci
étant trop jeune pour gouverner seul, Hatsheptsout prend le contrôle
total du pays et entreprend la construction de son temple funéraire
et d'obélisques majestueuses au temple de Karnak. Lorsque Ti-mosus
III réussit à récupérer son trône, il entreprend une campagne de
censure du règne de sa tante-belle-mère d'une épatante efficacité.
Son obélisque est abattue, son nom est rayé à la grandeur du pays
et son visage même est martelé partout où il est trouvé pour en
effacer le souvenir! On ne peut pas dire qu'elle ne l'avait pas
cherché mais comme un bas-relief presque parfaitement conservé avec
un visage complètement détruit gâche un peu nos photos, c'est lui
le Ti-mosus III! Son règne fut quand même l'un des grands de
l'époque, ajoutant de grands pans de terre au pays et sa tombe dans
la vallée des Rois fut la première à être décorée.
Quelques rois plus tard, le règne
d'Amenhotep III marque le zénith de la culture et du pouvoir de
l'Égypte... et aussi des changements fondamentaux qui furent pour la
plupart attribué à son fils, Akhenaton. Celui-ci changea son nom
d'Amenhotep pour se distancer de l'adoration du dieu Amon (qui durait
depuis toujours) vers celui d'Aton et déplaça la capitale à Amarna
avec sa femme Nefertiti. Son règne, ainsi qu'une partie du règne
précédent est maintenant connu sous le nom de période d'Amarna,
une période hérétique et noire à l'apogée de l'Égypte. À la
mort d'Akhenaton, un successeur mystérieux du nom de Smenkhkare pris
le pouvoir et certains suggèrent qu'il pourrais s'agir de sa femme
elle-même, Nefertiti. Après celui-ci, commença le règne d'un
pharaon mondialement connu, Toutankhamon, pour les trésors
hallucinants qui furent trouvés dans son tombeau. Prénommé
Toutankhaton, il changea le nom donné par son père Akhenaton au
tout début de son règne, à l'âge de 10 ans, pour ensuite
ré-ouvrir les temples et rétablir le culte ancestral d'Amon. Durant
son court règne, il tenta de restaurer la grandeur de son royaume
après le désastre causé par ses prédécesseurs et il mourut à
seulement 19 ans. C'est pas mal ce qu'il faut savoir. Ça et le fait
que 1300 ans plus tard, on arrive aux mariages de Cléopâtre avec
deux romains célèbres, Jules César et Marc-Antoine et la
défaite de ce dernier qui mena au suicide du couple royal.
Retour à Louxur, 21e siècle.
Déplacement de la vallée des Reines, scénario équivalent dans les
3 tombes des Nobles qu'on visite. Un fonctionnaire important durant
la période Amarna a une tombe fascinante, où l'on voit la
différence entre les règnes des deux périodes. Puis pour terminer,
on visite le temple d'Hatshepsout, la plus célèbre des
pharaons-femmes (mais pour nous ça restera toujours Cléopâtre!).
En plus d'avoir des tombeaux somptueux, les pharaons avaient aussi,
après leur mort, un temple à leur mémoire. Celui-ci, creusé
directement dans la paroi de la montagne, est particulièrement
impressionnant, avec son design futuriste (on parle d'il y a environ
3500 ans, on le croirait dessiné tout récemment).
Après toutes ces visites, notre
portefeuille se trouve bien allégé et on décide de les terminer
maintenant. En rentrant au quai pour retraverser le Nil, notre
chauffeur s'arrête quelques instants dans le stationnement d'un
magasin de sculptures d'albâtre. Flairant la commission, on reste
bien sagement dans la voiture. Il nous dit alors que lui a besoin de
quelque chose et entre. Cinq minutes plus tard, il revient vers la
voiture, accompagné. Une troisième homme apparaît sur le côté du
bâtiment, les bras pleins d'un sac d'où l'on aperçoit une bière
et l'on devine une bonne douzaine de ses semblables. C'était
effectivement pour lui-même que le chauffeur s'était arrêté, sa
paye du jour lui ayant permis de faire des provisions!
Après avoir traversé, dîner et
s'être promené dans les ''souks'' du centre-ville, on se dirige à
l'info touristique non loin de l'hôtel pour se faire aider avec
notre billet de train. Après plusieurs tentatives, rien. Il semble
bien que si on n'a pas notre numéro de réservation en main qui se
trouve uniquement sur notre billet, il n'y a aucun moyen pour nous de
le récupérer. Notre arrêt à la gare de train n'a pas été plus
fructueuse. L'homme à la billetterie nous fait attendre une heure puis
nous dit finalement qu'il n'y a pas d'aide ici pour nous. Retour à
l'hôtel en se disant qu'on va devoir affronter les contrôleurs dans
le wagon demain. Souper et dodo tardif car on prend le train à midi
seulement. À 7h30 du matin, ça cogne à la porte...
Crime, moi je dis : reconstitution dramatique de la scène des iPods, avec sueur et tout, dans le salon ici! hihi!
RépondreSupprimer:-) xx