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samedi 3 mars 2012

Forteresse tolkienesque et cavernes multi-religions - Aurangabad - 23 février

Réveil tôt ce matin, heure prévue du départ: 6h30. Le resto n'est pas ouvert, on ne fait que se doucher et on sort attendre notre chauffeur... Ali est bien sur place mais avec son rickshaw, ce qui n'était pas entendu. On attend la voiture qui arrive une dizaine de minutes plus tard. À bord, on apprend que ce n'est pas Ali qui nous conduira... On lui fait sentir notre mécontentement!! Le nouveau chauffeur semble un peu renfrogné et ne semble pas trop parler anglais. On quitte quand même, pas envie d'attendre et de perdre toute la matinée à s'obstiner.

Arrivée au fort de Daulatabad un peu passé 7h00. Fascinante forteresse tant par son architecture que son histoire, tout d'abord ville importante du plateau du Deccan, elle connue son apogée et son nouveau nom, qui signifie Cité de Fortune lorsque l'excentrique sultan Mohammed Tughlaq y transféra sa capitale ainsi que tous les habitants de Delhi en 1327 dans une folle marche de 1100 kilomètres à travers le pays. Quelques années plus tard, la ville est abandonnée par manque d'eau... et la capitale est retransférée à Delhi, au prix de nombreuses vies, une autre fois.

Daulatabad

L'entrée des tunnels obscurs
La forteresse est entourée d'une enceinte de 5 km, contient un temple important pour les hindous et les jaïns, une tour de la victoire de 60 mètres de haut. Le bastion principal s'éleve à 200 mètres au-dessus de la plaine, sur la colline Devagiri (colline des Dieux) et le seul moyen d'y parvenir est en passant à travers une série de couloirs plongés dans le noir, infestés de chauve-souris, tournant dans l'obscurité et dotés de pièges pour empêcher les charges d'éléphants et d'infanterie. La douve escarpée, juste avant le citadelle royale, complète le tableau. On se sent réellement dans un mélange de forteresses de l'univers de Tolkien; Minas Tirith, la Moria ou Minas Morgul, en plus sécuritaire! Nous sommes complètement seuls dans l'enceinte, on a presque envie d'en prendre possession et de fonder notre propre petit royaume! Après avoir monté toujours plus haut pour finalement avoir une vue à 360 degrés de la région, on redescend tranquillement, visitant les quelques canons de toutes les époques qui jonchent les tours par-ci par-là, dont un portant le nom de l'illustre empereur moghol Aurangzeb.

On rejoint notre apathique chauffeur pour la suite, direction Ellora. Une série de 34 cavernes; 12 bouddhistes, construites de 600 à 800; 17 hindoues, construites de 600 à 900 et 5 jaïns, construites entre 800 et 1000 de notre ère. Monastères, chapelles, temples, elles ont eu toutes les utilités pour les moines qui les ont creusées avec les moyens disponibles dans une façade rocheuse de 2 km de long. La beauté des lieux provoqua la chute dans l'oubli du site d'Ajanta à une soixantaine de kilomètres, que nous visiterons plus tard. Le site est aussi évocateur de la fin de l'ère du bouddhisme en Inde, de la montée en importance de l'hindouisme ainsi que du court passage du jaïnisme comme religion officielle. Tout d'abord, on se sustente avec un petit déjeuner au resto à l'entrée... après la montée de la forteresse, c'est bien mérité. Puis la visite des cavernes, en commençant par ordre chronologique avec les plus discrètes cavernes bouddhistes, dont l'architecture évolue grandement à mesure que nous passons de l'une à l'autre. Finalement rendus aux hindouistes, ça fait déjà beaucoup de cavernes visitées, les genoux de Raymonde ne veulent plus rien savoir, elle reste sur le plancher des vaches dans la mesure du possible, malgré les cavernes à plusieurs étages qui abondent à cette époque...

On arrive enfin au clou du spectacle, le temple Kalaisa. Comme tous les autres, il fut excavé de haut en bas, sans échafaud sauf que pour celui-ci, les moines eurent clairement la folie des grandeurs. Ils creusèrent complètement la montagne sur 3 côtés pour en faire émerger le temple, extrayant par la même occasion près de 200 000 tonnes de roche, laissant sur place juste assez pour sculpter finement les multiples tours, les animaux de la cour, ainsi qu'une galerie sous la montagne richement ornée. C'est débile très profond! Le temple est encore en activité aujourd'hui, dédié à Shiva, il regorge de dévots ainsi que de touristes, indiens et étrangers. On en ressort ébahis et on continue la visite, cette fois en se concentrant sur les plus importantes cavernes restants, quelques hindoues et toutes les jaïns, encore richement sculptées mais comportant aussi de magnifiques vestiges des peintures qui les ornaient à l'origine.

Peinture encore apparente dans une des cavernes jaïns

C'est le milieu de l'après-midi, le soleil tape à son plus fort et la faim recommence à se faire sentir. On rejoint  notre nonchalant chauffeur et il nous amène faire une visite rapide de Khuldabad avant de rentrer en ville. Dans la mosquée de ce petit village, la tombe d'Aurangzeb, simple petit mausolée de marbre blanc, construit selon ses souhaits, seulement avec l'argent qu'il avait fait en vendant des casques cousus de ses mains. Pas très impressionnant, c'est plutôt le fait de se brûler les pieds sur la pierre en enlevant nos sandales qui nous marque certainement le plus!! On rentre en ville, dîner au Kailash, délicieux resto végé. Retour à l'hôtel ensuite, où l'on végète jusqu'en soirée, souper à l'hôtel. Comme notre ami Ali nous a posé un genre de lapin, on l'appelle pour apprendre que la visite prévue le lendemain est à 3h de route, aller seulement. Personne n'est trop enthousiaste à cette idée, on prendra plutôt une journée de congé de route!

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