Notre itinéraire

vendredi 24 février 2012

Slumtourisme - Mumbai - 19 février

Réveil vers 7h30, douches et on décolle pour notre rendez-vous à la station de train pour notre tour de Dharavi le bidonville. Déjà 2 ''blancs'' sont sur place, on est au bon endroit. Vers 9h, le guide nous rejoint, s'occupe d'acheter nos billets de train (come on!) et on attend jusqu'à 9h25 avant de partir, une famille avec 2 jeunes filles rejoignent tardivement le groupe que nous formons avec 2 jeunes anglais et un couple de vieilles italiennes déjà sur place. C'est parti pour un autre petit tour de train de ville, on débarque à la station, dernière chance pour se soulager et on se sépare en groupes puisque d'autres touristes s'ajoutent à nous. On se ramasse avec un couple d'américains, une magnifique suédoise et les deux italiennes (dont une s'avère outrée que nous ne pourrons prendre de photos durant le tour... c'était écrit sur le pamphlet la grande!).

Nos quelques clichés indiscrets...
Notre guide s'appelle Manof et ne parle pas assez fort, Louis peine à comprendre ses explications à travers le tintamarre environnant! On commence donc par la visite du quartier du recyclage de plastique, puis des cannes de peinture, du recyclage des métaux puis des cannes d'huile végétale. Les quantités sont incroyables, plusieurs dizaines d'entreprises dans chaque secteur et encore plus d'employés. Qui viennent souvent de la campagne, s'échapper de la pauvreté crasse (20 à 25 roupies par jour, soit environ 0,50$) pour travailler environ 8-9 mois de suite, en dormant sur place, puisqu'incapable de payer un loyer, pour un salaire beaucoup plus intéressant de 100 à 125 roupies par jour (ce qui est quand même ridicule, considérant qu'ils agissent aussi comme gardiens de sécurité gratuits la nuit, au bénéfice du patron). Mais au moins ils travaillent et parviennent à ramener des économies pour aider la famille lorsqu'ils retournent temporairement d'où ils viennent. Les cannes d'huiles végétales, après avoir été réutilisées à quelques reprises, vont se mettre à rouiller et seront transformées en feuille pour les toits des habitations du slum. Ici, tout est revalorisé à son maximum! Comme c'est dimanche, seule journée de congé de la semaine, une grande partie des entreprises sont fermées et nous ne pouvons malheureusement monter sur le toit d'où l'on peut normalement observer le quartier. 

Cette ville dans la ville fait 1,75 km carrés pour une population d'un million d'habitants, la plus grande densité de population au monde. C'est tout ce qui différencie réellement Dharavi des autres slums d'où proviennent 55% de la population de Mumbai, et son âme selon plusieurs. La valeur de ce qui est produit ici, consommé et exporté est de 665 millions de dollars américains par année, pas si mal! On continue l'exploration non sans que notre guide nous mette en garde pour la suite, les quartiers résidentiels sont des labyrinthes où les passages sont parfois si étroits qu'une seule personne peut marcher de front. Il est donc essentiel qu'on ne se perde pas de vue et qu'on soit rapide, qu'on n'hésite pas à bousculer s'il le faut pour continuer notre chemin (sa dernière phrase; si vous vous perdez, il y a très peu de chance que vous retrouviez votre chemin ou qu'on vous retrouve...). Intense. Raymonde le suit donc d'un peu plus près mais ça se déroule très bien.


En se rendant vers les habitations, on passe juste à côté d'un cours d'eau, gris, avec des éruptions de liquide noir par endroits, vraiment inquiétant. Les passages sont réellement impressionnants, donnant directement dans les maisons des habitants, les rideaux souvent ouverts nous permettant de voir à l'intérieur (les portes, pas très populaires ici). De petites échelles sont aussi encastrées dans les murs, permettant d'accéder aux appartements à l'étage. À plusieurs reprises, on se suit à la queue leu-leu dans une noirceur inquiétante puisque le deuxième étage surplombe le passage, bloquant pratiquement toute lumière. Pas ici qu'on a envie de se tromper de chemin! On débouche finalement dans le fond d'une cour, d'où l'on aperçoit de modernes blocs jaunes de l'autre côté d'une séparation en béton. Juste devant cette séparation, des enfants déambulent dans les déchets, soient pour faire leurs besoins directement sur le tas d'immondices, d'autres semblent seulement s'y promener. La scène brise certainement nos coeurs de riches occidentaux mais ici la vie suit simplement son cours. Le sentiment d'appartenance des habitants est très fort ici et même des jeunes ayant eu la chance de poursuivre leurs études et ayant un bon emploi et un salaire intéressant y demeurent toujours. Les maisons sont pourtant en général très petites (une seule pièce pour une famille de 4 ou 5 personnes, parfois jusqu'à 9) et ne contiennent donc pas de toilettes. Le gouvernement en a donc fait bâtir, payantes, ce qui fait que les enfants et certains membres de la communauté ne peuvent se permettre de les utiliser. L'électricité et le câble font aussi partis des services fournis, et chacun est tenu de payer sa facture d'électricité à tous les mois (avec parfois les difficultés que vous imaginez facilement). 

Bye bye!
On continue la visite vers le centre communautaire, qui est aussi fermé aujourd'hui, on aperçoit les femmes qui font sécher leurs papadums au soleil sur des treillis de bambous, souvent leur seul moyen d'apporter une contribution économique à la famille (d'importance quand même, leur production étant exportée jusque dans les pays du Golfe et en Europe). On voit aussi une fabrique de petites pâtisseries, envoyées elles-aussi au Moyen-Orient ainsi que dans le Maghreb, produites dans une cave sombre en quantité industrielle! Dernier coin de la visite, les potiers du Gujarat (un état voisin) qui produisent absolument tout de la même façon qu'il y a des centaines d'années par manque de capitaux pour se moderniser et d'espace pour modifier la production. La cuisson se fait à l'aide d'on ne sait quel produit mais ça ressemble bizzarement à de la laine minérale... La chaleur, même à l'extérieur des immenses fours de brique, est difficile à supporter en plus de la fumée qui stagne dans l'air. Fin de la visite, on se rend au QG de l'agence pour un léger debriefing, offre de produits promotionnels et paiement du périple. 

Taxi ensuite jusqu'à la station de train la plus près et on rentre à Churchgate Station, d'où Joey veut absolument qu'on aille manger au 5 Spices, un incontournable chino-indien paraît-il. Et on se paye tout un lunch, les plats sont un peu chers mais on comprend trop tard que c'est à cause des quantités gargantuesques... Une foule de plats se succèdent, tous plus succulents les uns que les autres et il ne restera finalement que du riz, qu'on rapporte. Un chauffeur de taxi hilare nous accroche dans la rue, bon prix pour nous amener à l'hôtel, on embarque. Et c'est quand on est tous les 3 bien assis dans le taxi qu'on commence à trouver son comportement un peu étrange... Il rit tout seul, conduit comme un fou (même selon les standards d'ici) et finalement se met à avoir des tics (comme se peigner les cheveux frénétiquement)... On ne sait pas sur quelle substance il est mais ce n'est certainement pas juste le béthel qu'il a plein la bouche! Par chance qu'on était vraiment pas loin, la promenade n'est pas de tout repos. Au carrefour giratoire avant d'arriver, notre homme s'arrête à la lumière, interagit avec les passagers du taxi voisin, qui ne semblent pas apprécier du tout (ou ne pas comprendre...) et il décide de décoller ensuite, drastiquement, sans égards aux feux ou aux voitures, motos et autres véhicules venant perpendiculairement!!! Raymonde se tasse un peu plus au centre du taxi, espérant éviter d'être encastrée... Et de l'autre côté du cercle, même scénario, mais c'est cette fois Louis et Joey qui voit leur heure venue en regardant le trafic et notre chauffeur continuer dans des trajectoires convergentes! On s'en sort heureusement sains et saufs (peut-être un peu moins pour le chauffeur...), vu la vigilance constante des AUTRES conducteurs et on est pas fâchés de débarquer!

Étonnante vue de
notre fenêtre!
Louis rentrent pendant que Joey et Raymonde se promenent dans les rues commerçantes des environs.  Ils reviennent avec de nouvelles poignées d'armoires et de tiroirs pour l'appart des gars (qui n'avaient jamais été remises après la dernière séance de peinture). Les gars ressortent un peu plus tard pour admirer le soleil tomber dans la baie de Mumbai, tout près de sa plage urbaine. Marine Drive est bondée à cet heure, en ce jour de congé. On aperçoit nos premiers chiens vraiment domestiques, sans puces et autres parasites... On rentre en taxi, cette fois avec un homme et le pire strabisme jamais rencontré, on a malgré nous une petite crainte vus les évènements précédents, non fondée. Souper en fin de soirée, Louis mange à peine, encore plein du dîner... Et c'est ce qui met fin à notre aventure mumbaïtes!

les 3 qui s'en vont à l'assaut du reste du Maharashtra!

5 commentaires:

  1. Je suis toujours aussi impressionné par la quantité et la qualité de l'information que l,on retrouve sur votre blog, certain que vous pourrez publier quelque chose à votre retour . je vois que tout le monde semble en forma , bonne continuation.
    Bisous Lucille

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  2. J'aime ça moi vous voir en forma! :-)

    Pis euh tite question: le gars sur son fil...c'était pour l'amusement? pour le travail?? pour se rendre quelque part???

    Fak si tu te perds dans le slum, tu restes là pour le reste de tes jours??? Avez vous croisé des blancs qui semblaient avoir mal vieilli?:P

    Léger debriefing: kessé qu'ils vous ont dit?

    (YÉ UNE NOUVELLE PEINTURE POUR LA CUISINE!!!??...:-)) Elles doivent être vraiment jolies ces poignées... souvenir d'une discussion avec Louis sur l'inutilité de poignées sur les portes d'armoire...m'enfin! :P hihi

    Bisous les beaux cocos xxx

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    1. Ahahhaha ! on rigole bien.
      Pour répondre à ta tite question: C'était pour l'amusmement, son travail et il se rendait à l'autre bout de la corde.

      Dans le slum, pas de rencontres avec des blancs hagards... on suppose qu'ils ont bien vieilli.

      Debriefing: Qu'ils étaient bien contents qu'on ne se soient pas perdus :)

      Les pognées: elles sont effectivement jolies, pas nécessaires, mais jolies (vieilles et toutes différentes). Pour la peinture, l'appart au complet va y passer.

      Bisous la cocotte.
      xxxx

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